Saga

L’allure diamant
– All about Cartier diamonds –

— 10 juin 2016 —
Parce qu’il autorise toutes les audaces, le diamant aimante
les rêves les plus fous. Sous le soleil du caractère,
de la personnalité, Cartier exalte ce supplément d’âme
qui illumine la vie. Éternelle.


Ce sont des gestes, c’est une allure devenue signature. C’est une manière unique de sublimer les pierres pour leur redonner, sur le corps des femmes qui les portent, une présence surnaturelle, de nature à aimanter des désirs fous, des passions absolues. Parures félines entièrement articulées, rencontres extrêmes entre l’onyx et le diamant, clips à métamorphose : chez Cartier, l’instinct et la précision fêtent leurs noces de lumière. Entre géométrie et mouvement, classicisme et extravagance, elles révèlent autant la force d’un savoir-faire que l’exigence des clientes de la Maison, leur goût absolu entré dans la légende. Rivières enchantées, sautoirs stellaires, bestiaire à facettes entretiennent cette addiction à l’unique, là où les diamants s’adonnent, sous les alcôves des salons de la rue de la Paix à Paris, comme de la 5e Avenue à New York, à toutes les illuminations. En 2014, à l’occasion de la XXVIIe Biennale de Paris, la collection Cartier Royal a révélé plus de cent pièces illustrant le savoir-faire et « l’œil » de Cartier considéré comme « le joaillier des rois, le roi des joailliers ». Dans l’éblouissement d’une collection souveraine, une tradition se perpétue, forte des pierres d’exception devenues les ambassadrices d’un style, d’une allure indissociable de ces icônes de lumière. Au cœur de destins fabuleux, Cartier inscrit sa signature en sublimant des pierres pour en faire des parures de légende, inventer de décennie en décennie des joyaux aux reflets cosmiques. Du diamant Étoile du Sud au diamant Williamson, du diamant Étoile Polaire au diamant Étoile d’Afrique du Sud, l’abécédaire précieux miroite de mille et un feux, donnant à Cartier la puissance d’un rêve : associer en un bijou l’éternité d’une gemme et le mouvement de la vie, cette force de caractère si présente dans les parures de la Maison. Du style guirlande aux motifs animaliers, du plus grand classicisme aux jeux de reliefs, de tailles, de formes différentes, des diamants légers comme le jour aux diamants d’apparat, l’esprit Cartier transcende les styles et les genres, dans une combinaison unique du fluide et de l’architecturé qui signe une allure, immortalise un geste, à l’image des deux bracelets en cristal de roche et diamants sur platine que porte Gloria Swanson dans Sunset Boulevard (1950). Deux véritables fétiches que l’actrice hollywoodienne avait acquis chez Cartier en 1932...


Aux traits de caractère font écho ces traits de lumière, bandeaux plats, souples, légers, portés bas sur le front, et adaptés aux coiffures des garçonnes. Affranchies, elles dansent aux rythmes endiablés du charleston dont les Années folles sont l’écrin.

À chaque fois, les innovations de Cartier correspondent à des bouleversements remarquables dans l’histoire de la mode et des styles. C’est ainsi que la robe à taille basse des années vingt met à l’honneur le sautoir de diamants, avec souvent un pendant central détachable pouvant être porté en broche, le collier se divisant en plusieurs bracelets. Des ornements de tête en « halo » conçus pour pouvoir se porter en colliers – une fois retirés de leur monture –, aux broches pinces brevetées par Cartier, en passant par les bracelets lanières et les broches épaulettes, la Maison a toujours reflété dans ses créations les audaces avant-gardistes et visionnaires des style makers... Parmi elles, la comtesse Astor, Elsie de Wolfe, Anna Gould, fille du financier américain Jay Gould qui commanda des bandeaux peignes parés d’une enfilade de diamants, ou la chanteuse polonaise Ganna Walska devenue Mrs Harold McCormick. Par un jeu renouvelé de contrastes opposant le brillant et le diamant taille baguette, la rondeur et la ligne, tout un frisson de lumière parcourt un bijou de diamants Cartier. L’instinct jaillit de toute sa force, dans l’éclat d’un collier dont les écailles de diamants jaunes suggèrent l’indolence d’un crocodile sous le soleil... Mobiles, aériennes, articulées, rivières ou manchettes, les parures de diamant apparaissent comme des talismans doués d’une force suprême, dotés d’un pouvoir irréductible à un quelconque registre formel. On peut sans aucun doute parler de l’allure diamant chez Cartier.

L’actrice suédoise Anita Ekberg se laisse chavirer par des rivières de diamants dans la boutique Cartier, 13 rue de la Paix, Paris, en 1956.
L’actrice suédoise Anita Ekberg se laisse chavirer par des rivières de diamants dans la boutique Cartier, 13 rue de la Paix, Paris, en 1956.

« En 2014, nous avons réalisé des diadèmes pour des familles qui voulaient retracer au présent l’histoire d’hier. Une manière de créer un faste nouveau, moderne, à transmettre à la nouvelle génération. À travers la notoriété de Cartier, la culture française rayonne. »

Pierre Rainero, Directeur de l’Image et du Style, rappelle que la plupart des plus grands diamants du monde sont passés dans les ateliers du 13 rue de la Paix. Ainsi, Cartier acquit en 2002 le célébrissime diamant Étoile du Sud, pierre de 128,48 carats montée avec le diamant English Dresden – poire pure de 78,53 carats –, sur un collier de diamants qui demeura dans la collection du Gaekwar de Baroda pendant près de quatre-vingts ans. C’est une renaissance que Cartier offrit à cette gemme unique à travers la création d’un bracelet éblouissant. La qualité de certaines gemmes, tels que les diamants Cartier Larmes du Tigre – respectivement 56,64 carats et 57,63 carats – leur confère une présence extraordinaire, remarquable par leur limpidité, leur « eau » absolue...

Chez Cartier, la saga diamant se nourrit de rencontres associées à des personnalités rares : le commandant Alfred Ernest Allnatt, militaire et mécène, propriétaire de L’Adoration des mages de Rubens, confie ainsi en 1952 un diamant coussin de 102,07 carats à Cartier qui le sertira ensuite dans une broche au motif de fleur... Cette allure facettée est liée à des coups d’éclat, des moments historiques (le diamant Williamson que la reine Elizabeth porta lors de la cérémonie de mariage du prince de Galles en 1981), à des extravagances justifiant les plus grands défis : en 1928, Cartier crée pour le maharajah Sir Bhupindar Singh de Patiala un collier d’apparat de 2 930 diamants, pour un poids total de près de 1 000 carats... En 1969, c’est Richard Burton qui rachète à Cartier le diamant rare de 69,42 carats qui prendra le nom de Cartier-Burton-Taylor. Le joaillier accepte, à la condition que la pierre soit exposée pendant plusieurs jours dans les vitrines de la 5e Avenue à New York... Des milliers de visiteurs afflueront. Le diamant sera monté en pendentif à la demande d’ElizabethTaylor.

Dans cette anthologie de lumière, le diamant exerce une attraction inégalée. « Ned, dit-elle à son mari, il m’a eue ! » Evalyn Walsh McLean, fille du chercheur d’or Thomas F. Walsh et épouse de l’héritier du Washington Post, veut bien évidemment parler de ce fabuleux diamant Étoile de l’Est : un trésor indien en forme de poire de 94,80 carats lestant un collier de diamants que lui présente la Maison... Quelques années plus tard, Cartier montera la gemme en aigrette. C’est à Evalyn Walsh McLean que reviendra encore le diamant Hope autour de 1910... La richissime cliente américaine se verra parée de ce collier dont l’éclat lui inspirera ces mots entrés dans la légende : « Ce bijou m’a fixée pendant des heures. À un certain moment, je me suis mise à le désirer... »


« Pour un arrangement plus simple, trois brillants suffiront.
Toutes les combinaisons asymétriques sont possibles.
Tout est permis, selon la forme de la face, son ovale
ou l’expression des traits. »

Cartier, 1934

À pierre inrayable et rayant toutes les autres, correspondent des caractères d’une force indomptable : c’est en 1933 que le diamant Pacha arrive chez Cartier à Londres, par la compagnie de T. M. Sutton. Plus tard, sa future propriétaire, Barbara Hutton, n’hésitera pas à trouver que sa forme octogonale lui déplait, exigeant qu’on la retaille pour la monter en bague. Quelques deux carats s’évanouiront en poudre pour satisfaire les désirs de cette « Million Dollar Lady » dont la vie tumultueuse sera marquée par des apparitions mémorables, au bal Beistegui de Venise comme dans son palais de la médina de Tanger. Elle est restée fidèle à son peigne de sac en écaille passe-poilé de diamants taille baguette, pour briller en toute intimité... Quant au Pacha, il connut dans les années quatre-vingt une nouvelle taille pour 36,22 carats.

Étudier la forme, calculer les facettes qui permettront de tirer le meilleur parti d’un diamant – si la révolution de la 3D permet d’aller de plus en plus loin dans la définition d’un rendu, rien ne peut remplacer l’œil attentif à trouver l’interprétation la plus juste, capable d’aimanter les désirs les plus fous, les envies les plus irrésistibles.


Ainsi, entre autres délicates inventions, Cartier imagine en 1925 une broche de décolleté, ou « fermeture de corsage », pour remplacer l’attache classique d’une robe ouverte sur le devant. Reste encore et toujours la magie inégalée des fameux « diamants mystérieux » montés sur simple sertissage à griffes équipé d’un clip à ressort au dos (1934). Une prouesse technique donnant lieu à un jeu d’illusion absolue, renforcée la même année par l’avènement des boucles de diamants portées verticalement dans la chevelure... Et le joaillier de conseiller : « La parure sera personnelle et infiniment renouvelable (...) On pourrait même les fixer dans les sourcils (...) Dans les cheveux, des arrangements inattendus sont possibles. » Le génie créatif de la Maison va au-devant de tous les caprices. Virtuose du bijou convertible, Cartier permet à ses clientes d’apparaître sous toutes leurs facettes : avec un sautoir se décomposant en bracelets, une broche-pince pouvant être fixée sur une bande de laque noire pour former un bracelet... « À la fin des années vingt, il était devenu indispensable de posséder une paire de clips de diamants, vrais ou faux. Ils étaient fixés non seulement sur les chapeaux, mais sur tout le reste, même aux creux des reins pour dissimuler la lingerie », se souvient la duchesse de Westminster.


Au xxie siècle, la légende se poursuit, sans nostalgie, fidèle sans doute à ce précepte énoncé par Vogue Paris en 1937 à propos de ces clips Cartier montés sur platine : « Somptueux mais pratiques ». Au studio de création, on le confirme : « Autrefois, les bijoux étaient plus statutaires. Aujourd’hui, les clientes veulent davantage vivre avec leurs diamants. Nous réalisons de plus en plus de bagues, de montres bijoux, et bien sûr de sautoirs. Ils sont aux bijoux ce que la robe noire est à la garde-robe. Ludiques, graphiques, ils s’adaptent à tous les moments de la vie », affirme Jacqueline Karachi-Langane, Directrice de Création de la Haute Joaillerie Cartier. Ainsi, chez Cartier, le choix d’une pierre peut se faire à partir d’un chiffre symbolique, une date, un âge, un chiffre porte-bonheur.

Gloria Swanson porte ses deux bracelets en cristal de roche et diamants sur platine - Cartier, 1930
Gloria Swanson porte ses deux bracelets en cristal de roche et diamants sur platine - Cartier, 1930